Le rôle des élites catholiques allemandes dans les deux grandes transitions politiques de l'Allemagne contemporaine possède une valeur paradigmatique énorme pour toute l'histoire de l'Église. Les catholiques sont appelés à accomplir des choix clairs et définitifs entre les différentes options politiques et ensuite à défaire le nœud problématique, toujours en suspens, du rapport entre vision religieuse et démocratie. Cette communication vise à retracer l'itinéraire évolutif du catholicisme politique allemand et à mettre l'accent sur le lien étroit entre ce parcours et le processus démocratique allemand à travers une comparaison historique entre les deux moments topiques du premier et du second après-guerre. Des tas de documents d'archive encore largement inédits permet, dans le cadre d'un large débat historiographique continuellement en évolution, de mettre en évidence le rôle central de Eugenio Pacelli d’abord en nonce apostolique à Berlin, puis en tant que Pontife Pie XII (un des papes les plus pro-allemand dans l'histoire de l'Eglise). Dans le premier après-guerre l'identité catholique se définit par contraste avec les idéologies révolutionnaires, en particulier celle bolcheviste. Face au danger communiste, la défense intransigeante de sa propre disposition au Centre du système politique laisse graduellement la place aux tendances régressives de signe nationaliste et aux formes collusives de subordination au radicalisme de droite. C’est pourquoi on peut prendre en compte les écrits non publiés de Mgr. Pacelli par rapport à la révolution spartakiste en 1918; au danger du bolchevisme et aux inquiétudes de la droite conservatrice bavaroise; au séparatisme bavarois en 1921, au putsch manqué de Hitler en 1923. Enfin il y a de nombreux documents qui explorent la question complexe des relations entre le Zentrum et les socialistes pendent les phases finales de la République démocratique de Weimar, en référence aux élections générales pour le Reichstag (1924, 1928, 1930, 1932). L'indisponibilité d'une bonne partie du monde catholique allemand à coopérer avec le totalitarisme hitlérien pendant la parenthèse nazi, a permis aux catholiques de prendre une part active à la construction de la République fédérale après la Seconde Guerre mondiale. Par rapport à la politique interne de la RFA, on a noté que l'Eglise a essayé de jouer un rôle plus participatif et collaboratif dans la société du post-conflit. Une figure de grande envergure était le chanoine de la cathédrale de Cologne, Wilhelm Böhler, qui a contribué à harmoniser entre elles les positions de l'Episcopat avec celles de la classe politique. Remarquable a été l'intervention des Églises soit catholique soit protestante afin d’inclure dans la Grundgesetz les droits sociaux, qui n'étaient point présents dans le projet original, abstraction faite d'un texte très réduit. Pour ce qui concerne la politique étrangère, l'Eglise s'engage en faveur de la réintroduction des allemands dans la communauté internationale. La diplomatie vaticane et surtout la personne du Pape ont joué un rôle clé dans tous les emplacements internationaux pour contrer la théorie de la culpabilité collective.
Sergio, M.L. (2014). Les élites catholiques dans la transition des institutions politiques allemandes et le rôle d’Eugenio Pacelli dans les deux après-guerres. ALLEMAGNE D'AUJOURD'HUI, 208, 55-68.
Les élites catholiques dans la transition des institutions politiques allemandes et le rôle d’Eugenio Pacelli dans les deux après-guerres
Sergio, Marialuisa Lucia
2014-01-01
Abstract
Le rôle des élites catholiques allemandes dans les deux grandes transitions politiques de l'Allemagne contemporaine possède une valeur paradigmatique énorme pour toute l'histoire de l'Église. Les catholiques sont appelés à accomplir des choix clairs et définitifs entre les différentes options politiques et ensuite à défaire le nœud problématique, toujours en suspens, du rapport entre vision religieuse et démocratie. Cette communication vise à retracer l'itinéraire évolutif du catholicisme politique allemand et à mettre l'accent sur le lien étroit entre ce parcours et le processus démocratique allemand à travers une comparaison historique entre les deux moments topiques du premier et du second après-guerre. Des tas de documents d'archive encore largement inédits permet, dans le cadre d'un large débat historiographique continuellement en évolution, de mettre en évidence le rôle central de Eugenio Pacelli d’abord en nonce apostolique à Berlin, puis en tant que Pontife Pie XII (un des papes les plus pro-allemand dans l'histoire de l'Eglise). Dans le premier après-guerre l'identité catholique se définit par contraste avec les idéologies révolutionnaires, en particulier celle bolcheviste. Face au danger communiste, la défense intransigeante de sa propre disposition au Centre du système politique laisse graduellement la place aux tendances régressives de signe nationaliste et aux formes collusives de subordination au radicalisme de droite. C’est pourquoi on peut prendre en compte les écrits non publiés de Mgr. Pacelli par rapport à la révolution spartakiste en 1918; au danger du bolchevisme et aux inquiétudes de la droite conservatrice bavaroise; au séparatisme bavarois en 1921, au putsch manqué de Hitler en 1923. Enfin il y a de nombreux documents qui explorent la question complexe des relations entre le Zentrum et les socialistes pendent les phases finales de la République démocratique de Weimar, en référence aux élections générales pour le Reichstag (1924, 1928, 1930, 1932). L'indisponibilité d'une bonne partie du monde catholique allemand à coopérer avec le totalitarisme hitlérien pendant la parenthèse nazi, a permis aux catholiques de prendre une part active à la construction de la République fédérale après la Seconde Guerre mondiale. Par rapport à la politique interne de la RFA, on a noté que l'Eglise a essayé de jouer un rôle plus participatif et collaboratif dans la société du post-conflit. Une figure de grande envergure était le chanoine de la cathédrale de Cologne, Wilhelm Böhler, qui a contribué à harmoniser entre elles les positions de l'Episcopat avec celles de la classe politique. Remarquable a été l'intervention des Églises soit catholique soit protestante afin d’inclure dans la Grundgesetz les droits sociaux, qui n'étaient point présents dans le projet original, abstraction faite d'un texte très réduit. Pour ce qui concerne la politique étrangère, l'Eglise s'engage en faveur de la réintroduction des allemands dans la communauté internationale. La diplomatie vaticane et surtout la personne du Pape ont joué un rôle clé dans tous les emplacements internationaux pour contrer la théorie de la culpabilité collective.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.